Une histoire tristounette qui heureusement finit bien!
Le fait que le Collège ait été sélectionné pour représenter le Québec dans le cadre du Prix Goncourt des lycéens étant en soi un bel honneur et des efforts particuliers ont été investis pour que le dévoilement des lauréats se fasse en grande pompe… à la hauteur du projet.
Le Collège était particulièrement fier que Mme Christine St-Pierre, ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine et députée de l’Acadie, ait non seulement consenti à appuyer le projet, mais qu’elle ait accepté l’invitation de venir procéder elle-même à l’annonce officielle des noms des étudiants sélectionnés pour partir à Paris et Rennes participer à la dernière phase du projet.
L’événement revêtait donc un caractère protocolaire et, pour s’assurer que la réception se déroule dans les meilleures conditions, il a été convenu d’organiser l’événement à la bibliothèque… endroit tout indiqué pour un concours littéraire! Il fallait sentir l’effervescence que les préparatifs ont engendrée dans ce lieu de quiétude et de silence! Le côté inhabituel de la tenue d’un événement dans ces espaces conférait déjà un caractère bien particulier au projet.
Tout était beau, parfaitement en place quand ils sont arrivés, ces étudiants-jurés en lice pour le voyage et qu’ils sont entrés les uns après les autres et se sont nerveusement agglutinés ensemble autour du premier comptoir de livres, en réponse au réflexe spontané de se serrer les coudes dans l’attente du dévoilement des noms. J’étais parmi eux, j’ai pu sentir l’émotion du moment… toute la fébrilité de leur attente, de leurs espoirs, de leurs craintes. Certains avouaient n’avoir pas réussi à dormir, d’autres affirmaient avoir eu toutes les difficultés à se concentrer pendant leurs cours du matin, d’autres encore disaient flageoler sur leurs jambes. Il y avait dans ce petit groupe une telle anxiété que seuls quelques fous-rires nerveux parvenaient à détendre un tant soit peu l’atmosphère.
Pour moi qui connaissais la sélection, l’expérience était éprouvante. C’était tellement triste de savoir que certaines d’entre eux qui espéraient tant être du voyage apprendraient dans quelques minutes qu’elles en seraient exclues et ce, tout simplement parce qu’il avait fallu tracer une ligne pour respecter le nombre de sept participants, et par conséquent, sacrifier la candidature de deux participantes qui avaient elles aussi rempli, à quelques dixièmes près, toutes les exigences du projet. L’émotion était grande pour tous.
Quand la cérémonie a commencé, c’est encore en bloc qu’ils se sont déplacés pour aller s’asseoir, en groupe, bien collés les uns aux autres. Au moment de l’annonce des noms, je les voyais trépigner et, quand les sept sélectionnés se sont retrouvés sur la scène, je ne pouvais détacher mes yeux de ces deux étudiantes privées du voyage. L’une est demeurée figée, stoïque alors que l’autre s’est effondrée et pleurait à chaudes larmes, absolument inconsolable. Leur déception était telle qu’elle entachait le plaisir des lauréats et que personne n’osait vraiment se réjouir de son propre succès. Les étudiants sélectionnés étaient aussi très émus et ont spontanément bondi vers leurs collègues dès la fin de la prise des photos pour les entourer de leur amitié, négligeant un peu les félicitations qui leur étaient accordées. Cela a donné lieu à une ambiance trouble où le bonheur des uns était vraiment assombri pas le chagrin des autres.
Même Mme la Ministre s’est montrée sensible au désarroi des deux étudiantes et elle a tenu à s’informer des conditions de la sélection qui avait mené à une telle situation. Quand elle a appris que ce n’étaient finalement que d’infimes décimales qui avaient écarté les deux dernières participantes et une question pécuniaire qui limitait le nombre de participants au voyage à sept étudiants elle semblait sincèrement déplorer la situation.
La cérémonie qui se voulait joyeuse s’est donc terminée sur une note plutôt tristounette et chacun est retourné à ses occupations, un peu troublé.
Or qu’elle ne fut pas notre surprise quand nous avons appris que, aussitôt revenue à ses bureaux, Mme St-Pierre communiquait avec la Direction du Collège pour annoncer qu’elle assurerait un appui financier supplémentaire pour permettre aux deux candidates non sélectionnées de se joindre à leurs amis et de partir, elles aussi, vivre cette belle aventure.
Dire la joie de ces deux jeunes est difficile tellement elle est empreinte d’émotion et de bonheur! Les larmes de chagrin se sont transformées en larmes de joie et ils étaient nombreux à s’éponger les yeux en apprenant la nouvelle. L’annonce de ce revirement a chamboulé non seulement ces deux participantes, mais aussi leurs collègues et tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué au projet.
Peut-être Mme la Ministre ne saura-t-elle jamais l’effet véritable de sa décision. Si elle en mesure bien toutes les dimensions, elle s’en enorgueillira certainement.
C’était si réconfortant de constater que nos hautes instances savaient être sensibles et désiraient aussi sincèrement contribuer à la cause des jeunes. Chapeau!
Céline Bengle
Conseillère à la vie étudiante
jeudi 30 octobre 2008
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